mercredi 4 janvier 2012

NUIT BLANCHE


















Sous l'oeil verrouillé des portes
de la nuit
par grandes infections de
graffitis cutanés
les néons des vitrines écrivent
des promesses voluptueuses

le long des rues
brisant les ombres les contours
les lampadaires se suivent
la nuit se casse

le ciel refermé la lune une perle
rare
plus loin tout repose
sur un oreiller de neige.


Denis Samson © 2012


2 commentaires:

  1. IVRESSE DU MATIN


    La ville s’endormait enfin dans les aboiements de voitures enfilées les unes derrière les autres :

    Un orchestre d’automobiles lumineuses,
    D’automobiles vaporeuses, donnait,
    Au centre de cette place ardente,
    Pouls excité d’une cité bientôt désertée,
    Et pour qui voulait bien l’entendre,
    Un concert de ferraille, de cascades d’eau,
    De cruches renversées, de squelettes dansant
    Et buvant autour d’un cortège macabre.

    La rue s’élevait,
    Se contorsionnait, se nouait, se courbait
    Puis s’écrasait dans le fracas de ce peuple
    Sortant d’un métro essoufflé
    Où l’air frais dégoûtait presque,
    D’une taverne dégageant une forte odeur
    D’alcools dans les voix de ceux
    Qui pariaient leurs bières ou leurs vins
    Sur des tables de jeu,
    Revenant vers un hôtel, un appartement, un lit,
    Une nouvelle taverne encore ouverte,
    Se séparant ou se rejoignant
    Pour terminer la nuit sous une épaisse fumée verte
    De bars interdits, caressés par les seins en papier
    De poupées déformées, bercés par les voix mélancoliques
    De vieilles chanteuses oubliées,
    Retirées des lieux trop publics,
    Retraitées du fracas populaire.

    Désormais et à jamais,
    La foule se meut,
    Houle de plusieurs millions de litres,
    Marée en déplacement,
    Elle vit et s’ébruite,
    Trace son chemin,
    Emportant dans son cri tout le monde esclave
    Comme un glacier qui se dérange.

    Le peuple se déplaçait :
    Troupeau malade,
    Suivant le fracas tumultueux,
    Rapide et assourdissant,
    Qui s’avançait, s’avançait
    A pas lents et paresseux,
    S’avançait sur un bitume
    Amèrement refroidi par les breuvages de la nuit.

    Les phrases sonnent, résonnent dans la tête,
    Se multiplient, en engendrent d’autres plus longues encore
    Et se répètent à l’infini,
    Créant un nouvel ordre à chaque écho…
    Mais plus aucune phrase n’est répertoriée, classée,
    Plus aucune phrase ne reconnaît son sens :
    Mots confus entendus, pas même déchiffrés :
    Sonorités des matins d’angoisse.

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  2. Tu as du souffle, Jean...du souffle !
    bravo.
    c.antar

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