mardi 26 décembre 2017

«UNE VRAIE MALADIE!»

















Autopsie d'images
ayant perdu leur rigidité

rêves incendiés sorties de secours
condamnées d'avance
dialogues de sourds

souvenirs périmés
remâchés

écrire pour forcer des nerfs
à se taire

se servir de sa tête
pour reconstruire ces instants
qu'un corps de destruction
voudrait s'arracher du coeur.



Denis Samson © 2017


dimanche 17 décembre 2017

À CIEL OUVERT





















Être sur la terre, racines en tête
pour à jouer à cache cache
avec les soubresauts du soleil éventré.

Car les mots de ce ciel rauque
sont plus près qu'ils ne paraissent.

Poème à ciel ouvert.


Jean Coulombe © 2017



mardi 12 décembre 2017

PANDÉMIE





















Le silence consommé par le langage
des industries à message
l'endoctrinement se fait de l'intérieur
l'imagination sous contrôle
la pensée est un remède
trop souvent insuffisant
l'imaginaire social
a sa police des mots
la répression s'exerce
par la peur du manque
et le désir de masse
produit
par les grandes corporations
du libéralisme économique psychotique
du capitalismes génétiquement
transmissible
de la civilisation mondiale
des réseaux mutants.

Et j'écris
des poèmes...


Denis Samson © 2017



mardi 5 décembre 2017

L'AUTRE RIVE


Ignorant les miroirs brisés
la ville s'étale au loin
sous nos rêves étroits

la traversée des ombres
arrondit nos couleurs

la lenteur des frimas
nous enveloppe

il y aura une autre rive
tes yeux
le chantent tout bas.


Jean Coulombe © 2017


vendredi 1 décembre 2017

COMMENTAIRE





















N'en déplaise au "politiquement correct" actuel
de certains "spécialistes" des médias
les animateurs
des radio-poubelles
ne sont pas des "polémistes" peut-être "nécessaires"
ce sont les éboueurs
du populisme anti-intellectuel
profond
qu'ils suscitent.



Denis Samson © 2017


mardi 21 novembre 2017

LE LENDEMAIN DU SOUVENIR

















Mon oncle a fait la guerre...


Il l'a refaite cinquante fois

caché sous la table.



Jean Coulombe © 2017


jeudi 16 novembre 2017

3 PIÈTRES 1/2 À LOUER *
















... à tous les mal logés

Quand tu vis dans un trou
t'as beau avoir un domicile «fixe»
c'est dur de vraiment considérer ça
comme un endroit où se sentir
à l'abri.

Niques à feu
chambres à louer
avec salle de bain commune à chier
apparts insonorisés au carton
et autres paradis privés
de vie privée
quand tu te sens sans abri
à l'intérieur
ça peut bien donner le goût
de descendre dans la rue

d'y retourner peut-être.



* Tel que lu véritablement sur un
écriteau, rue Richelieu à Québec, par le passé.



Denis Samson © 2017



jeudi 9 novembre 2017

FACE AU VENT





















J'ignore tout ce que ta main peut tenir
face au vent

tu t'accroches sans lourdeur
à cette lumière tamisée par le temps

je te sens capable de soulever
l'écho du soleil

je rapproche ma bouche
de tes fragilités

tu sais m'y laisser boire
les relents de ta fureur

là où la lumière ne nous porte plus
les arbres brûlent

leur ombre meurt sans bruit
entre nos bras.

Dis moi,

face au vent.

Où va ce silence?



Jean Coulombe © 2017


dimanche 5 novembre 2017

BAIN RÉVÉLATEUR (pellicule retrouvée)





















Dans la chambre noire
la lumière se souvient
la pellicule a conservé la mémoire
d'une époque
incertaine,

d'une certaine époque, des paysages,
des visages et des
sourires, peut-être...

Dans la chambre noire,
le passé est présent.


Denis Samson © 2017


mercredi 1 novembre 2017

ÉCLAIRCIES






















La lumière pâle
                          peuple les corridors
comme une pluie aride
                         avare de fruits
un paysage en sursis
                         au ras des solitudes

la vie a ses moments            toujours imprenable
        très rarement          elle perce les murs aseptisés

ses petites éclaircies          ses éclats de beauté
mènent l'espoir     toutes chairs battantes

entre les mots orphelins
                                   ses reflets trop humains.



Jean Coulombe © 2017


samedi 28 octobre 2017

HITS (parade)



























Les «hits» roulent en gros char
sur le boulevard
huit haut-parleurs
pour tenter de convaincre tout le monde
d'aimer ça
on se fout des paroles
c'est le «rhytm» qui compte
le «beat» le «hook»
les «chansons» sont produites
par des équipes spécialisées
expertes à coller des mots et des sons
répétitifs
dans la mémoire des gens
et ça fait pop et bing et nanana
dans la tête
huit haut-parleurs
et ça roule...


Denis Samson © 2017


jeudi 19 octobre 2017

SI SIMPLE


















Les loups de traîneaux courent les embouteillages
les gerbes de couleurs carburent dans l'obscurité

les songes naufragés ont cassé les faux silences
le passé refleurit en cauchemar

tout se voudrait si simple

mais le couchant veille au grain
rien n'arrête les spectres
les parfums explosent aux yeux

le blues est arrivé à son heure

les morsures hantent les tendresses
chaque jour est le «selfie» du prochain

on se couvre de satellites pour se sentir moins seuls.

Tout se voudrait si simple.



Jean Coulombe © 2017



samedi 14 octobre 2017

ULMUS AMERICANA


























Un gros arbre beaucoup d'ombre
une belle journée d'été
finissant
un poème
pour retenir l'instant
pour voler aux heures un peu
de ce qui ne revient pas.

(Plaines d'Abraham, «au bureau», septembre 2017).


Denis Samson © 2017


mardi 10 octobre 2017

VENT DE BIAIS





















Elle prend le vent de biais
                         petite voile pâle
            au fond de la baie grise

heures mauves
                         arrachées
           aux fragiles musiques

brisures en averse
                         tant de solitudes
             en rafales

mes bras malhabiles
            cassent le noir murmure
des prières mortes

      au dos de la vie
                         notre courbe suit la ligne
des montagnes invincibles

toutes nos alarmes
            sonnent en creux
      brûlent
            au ventre de la nuit

l'obscurité comme seule amie
                         on se hasarde
              à remonter le courant

une petite lueur à la fois.



Jean Coulombe © 2017


mardi 3 octobre 2017

À LA GORGE



















Dans ta chair s'avance
l'ombre à apprivoiser

un faux silence
absorbe le feu

avec l'été qui meurt
entre nos épaules

on remet tout
aux foudres sauvages
celles qui roulent
à la face du vent

ta main ne tremble pas
ne tremble plus

tu saisis ta vie à la gorge

ce que tu crois de ta légende
carbonise l'instant frêle

tu organises ta fuite
pour mieux rester

migration intime
immobile de fureurs.


Jean Coulombe © 2017


lundi 25 septembre 2017

SPECTACLE


























Foodies culturels

westerns sushis

humour industriel

le grand show d'humiliation
en continu

paumés de la chair des bombes
viande de feu
aux vitrines des bûchers

les meilleures émissions de police
et de barmaids...

Ils disent qu'on est rendus là!



Denis Samson © 2017



mercredi 13 septembre 2017

L'INSTANT





Un rouleau-compresseur d'étoiles
viendra amortir le jour.

En attendant...

Les oiseaux décorent
le silence.


Jean Coulombe © 2017


dimanche 10 septembre 2017

SMOG





















Miroir émoussé au tranchant d'un profil
visage reflétant ce qu'il peut

aube crépusculaire
la ville en chaleur
les fenêtres soupirent

numéros 1 de la haine à la radio le matin
les animateurs du déclin
se remettent à aboyer.


Denis Samson © 2017


mardi 5 septembre 2017

SE PARLER TOUT SEUL






















La glace de sa voix
emplit mon répondeur
de feux éteints

la déchirure du jour
s'incruste au frimas
de mes ailes repliées

le printemps furtif
s'acharne à vide
les décors valsent

moi, je ne danse plus
lourd de fausses joies
cassées sur l'écho.

Interminable
cercle vicieux
des faux départs.


Jean Coulombe © 2017




vendredi 1 septembre 2017

ROSÉE























Voix d'eau vive
ciboire d'odeurs aux lèvres des ruisseaux
quelques étoiles de retard sur l'aurore
le poème crée l'instant.



Denis Samson © 2017


lundi 28 août 2017

CHUMMY CHUMMY (poème sans-coeur)





















Ce n'est pas mon ami
ça ne le sera jamais.

C'est comme ça!

Entre deux bières, sa solitude
court aveugle à la flamme.

Papillon-loup, lâché par la lune
la poudre le grounde, underground.

Le dos rond, il pleure par en-dedans
il a appris ça de sa mère, qu'il dit...

M'a me caller un taxi.

C'est comme ça!


Jean Coulombe © 2017


samedi 19 août 2017

BRUISSEMENTS






















Arbres larguant leurs samares

méandres et tourbillons
parcours forestier où bruissent les ruisseaux
où les ombres chuchotent.

Feuillage obscur où naissent les étoiles.



Denis Samson © 2017




dimanche 13 août 2017

PARCOURS






















La patience du soir tombe
                                      et ne se relèvera pas.

Elle a le crâne à la lune, comme le temps.

                       L'ÉTERNITÉ est un leurre...

On regarde passer les nuages

                               ENSEMBLE

leur lenteur

                            en ÉMOTION
   
        tout au long du parcours.



Jean Coulombe © 2017


dimanche 6 août 2017

AU CORPS




















Elle traîne au corps
                            cette bête

son regard ouvre des entailles
                            la bête a faim.


Comme ces braises qui renaissent
                                       les jours s'enfilent

le long combat du sang
                                       aura sans doute une fin

le crépuscule hurle tout bas
                                  la suite des choses.


Nous sommes en force
                                  la lumière en partage

tous les paysages que nous avons bus
        toujours                  nous enivrent

nos mains se touchent
                        le toit du monde est solide.




Jean Coulombe © 2017


samedi 5 août 2017

FANTÔMES EN RÉSIDENCE





















Images peintes
en poussière d'horloge

matrice des fantômes
aux fourneaux d'une mémoire

l'oiseau à la cuisine
siffle le rappel des heures...

Dans mon rêve
les mots se parlent en secret
se frayant un chemin vers l'éveil.


Denis Samson © 2017


dimanche 30 juillet 2017

ÉCHOGRAPHIE



























L'ange au coeur creuse son trou

un nuage qu'on n'attendait plus
pour l'entonnoir à pixels

un peu de silence éclate

un oiseau passe en aveugle.


Le matin impose sa loi.



Jean Coulombe © 2017


samedi 22 juillet 2017

POÈME NOSTALGIQUE





















De plus en plus
la plupart des gens
que j'ai perdus de vue
et qui me reviennent en mémoire
sont soit morts
soit devenus «quelqu'un d'autre»
sur Facebook

et je sais que c'est vrai finalement
que plus ça va
plus le temps passe
vite
même si la plupart de ceux
qui me disaient ça
quand j'étais enfant
ne sont plus là pour me le rappeler.

C'est pour ça que la nostalgie
c'est de moins en moins mon truc.


Denis Samson © 2017


mardi 18 juillet 2017

LA PIERRE




















La pierre de l'enfance
comme un arbre nu
cloué au sol qui brûle

on reçoit le soleil oblique
en petits frissons pâles

à l'envers des heures
le silence est dur d'oreille

la taïga tatouée à l'oeil
on avance à petits pas
comme une bête blessée.

On comprend par le coeur.


Jean Coulombe © 2017



mardi 11 juillet 2017

AFFRONTER L'AUBE


... à l'Honorable ministre de notre santé

























Le matelas fatigué
le sommeil ressemble
à une punition.

Quand la lumière revient à la fenêtre,
le matin les fesses à l'air,
la tête s'arrache de l'oreiller
comme une blessure...

Souvenirs sous perfusion
le manger mou de la mémoire
est servi froid.

Ailleurs, durant ce temps
un technocrate de la compassion
compulse des statistiques;

à la télé, son patron
dit qu'avec un bain par semaine
quand on transpire pas trop
on pue pas (trop).


Denis Samson © 2017


jeudi 6 juillet 2017

LE VOYAGE





















Ton visage
               s'incruste
                             aux pourtours
               du matin

je ne sais
             si sa lumière
                               est friable

l'espace autour
                      du regard
                                    s'enflamme

les mots partent
                        sans se retourner


le voyage
                  sera
                            long




Jean Coulombe © 2017



dimanche 25 juin 2017

TOUT CE QUE...






















tout ce que tu es
                         a de l'or
        serti à ses silences

tout ce que tu murmures
       roule sans fin sur ma peau

tout ce que tu chantes
       m'envole aux falaises

tout ce que ton écho me ramène
      je le cache au creux du roulis

demain sur le ventre de l'aube
            je cueillerai ton ombre au rivage




Jean Coulombe © 2017


mercredi 21 juin 2017

PHOTO






















Tu regardes le ciel
je regarde la mer
la photo se souvient
un accroc dans les nuages
un oiseau
qui s'en fout
la mémoire a des ailes
différentes pour chacun.


Denis Samson © 2017



jeudi 15 juin 2017

CONVOI























Contre le métal du réel

                       intrusions intraveineuses

intra         intra        intra

                        convoi plombé

le sang poétique
                       cogne dru aux étoiles

entre les débris de satellites

                        passer droit aux douanes

avec un certain courage
                   
                         retenu en otage.




Jean Coulombe © 2017



mardi 13 juin 2017

POUR LE PLAISIR

















Réalité brevetée et manipulations langagières,
ignorance virale et mensonge généralisé,

dans le grand show zen surréaliste pour épicuriens
les mots semblent ne même plus être sensés vraiment
vouloir dire quelque chose...

Dérives sexistes, homophobes, racistes
et fascisantes,

au nom de quelque absolutisme moral,
religieux ou politique que ce soit,
là où l'amour devrait crever les yeux
dans ses dogmes autoritaires, doctrinaires
et hypocrites,
la haine est aveugle.

Entre l'horreur et la météo
à la télé
avec le décompte des morts
durant la nuit
sur les routes ou
éclatés par des bombes
ou autrement,
entre la misère et les exploits
des multimillionnaires du sport
et cette dépression qui nous arrive
du Colorado du Texas
ou d'ailleurs,
encore un dernier tour de méninges
avant d'aller dormir
à écrire
pour le plaisir
juste
pour le plaisir.

05 A.M.


Denis Samson © 2017


mercredi 31 mai 2017

NOEUDS





















La bureaucratie des soupirs
peuple les couloirs d'hôpital

tant de chairs en pâture
tant d'existences friables

palper les noeuds oubliés

familles    marées
bousculées au couchant
       
un été au désert froid

ce qui nous brûle
                         hors portée
les veines

               plonger sous vide.



Jean Coulombe © 2017



lundi 22 mai 2017

UNE PLACE POUR MOI




















En ce mai/novembre
les larmes/pluies
s'abattent au visage

le théâtre de rue
congédie ses comédiens
vampirise les trottoirs

«The show must go on»

paraplégie corrosive
rien n'arrête les humains

il y a toute cette chaleur
à aimer loin dans les âmes

Sisyphe qui remonte sa pente
l'histoire d'une vie à réparer

le long de la fosse sans orchestre
on s'allume un village perdu
clope à clope
en tirant la laisse de son chien.

Que faire du soleil résiduel?


Jean Coulombe © 2017


lundi 15 mai 2017

EN RAPPEL



























Nuages défigurés
peignures d'ombres vent debout
draps tendus l'horizon sur un fil
tel un perchoir où le ciel à sécher
a vu s'éteindre le jour

la pluie a peint
l'écorce des arbres dans la cour
ocre vert brun et jaune

et quand la lune
bat le rappel des ombres
le vin la bière et le silence
ramènent une chanson
à la table des souvenirs.


Denis Samson © 2017


mardi 2 mai 2017

AU JARDIN BLEU (extrait #1)


Vidéo poème de Jean Coulombe et Gilbert Sévigny



Tout se joue ici

les enfants cruels
chassent les esprits
de ce jardin bleu
qui m'habite

en plein jour
en pleine ombre

chacun de ces rivages
réinvente mon histoire

la traversée des songes
hurle ma voie
plombe ma nuit

je pourrais perdre ma trace
au cercle des étoiles

je n'ai pas choisi
cette lumière
qui me torture

demain sera autre

nos corps en ravage
incertains d'amour.


Jean Coulombe © 2017



vendredi 28 avril 2017

PRÉDATIONS





















Dans le show d'insipide réalité
la connerie augmentée
l'ignorance devenue virale
un album de grimaces pour mémoire
gavés de pourriture industrielle
l'ordre établi festif
il y a des pièges pour chacun
des soins bancaires pour tous

prédations corporatives au quotidien
rêves d'enfants des «sweat shops»
la maltraitance économique des populations
se poursuit

quand la réalité appartient
à des intérêts particuliers
entre le bulletin de santé économique
de l'écran narcotique
et les soins intensifs
de la laideur
ça crève les yeux
que c'est pas la même vie
pour tout le monde!

Sang cicatrice mouvante
le coeur dans ses chaînes
avec l'énergie de l'espoir
à mimer les saisons
jusqu'au dégel
la parole se fait chair
aux laboratoires d'insomnie.


Denis Samson © 2017


lundi 17 avril 2017

POÉTAXI





















Taxi cargo broyant la nuit
le compteur à zéro

chauffeur univers
poétise la carte urbaine
entre les sourires

taxi de frères d'armes
bourrés de bière
de lambeaux de poèmes

ville translucide
le ventre de la bête.



Jean Coulombe © 2017


mardi 11 avril 2017

SOUS LA PEAU





















Tu chantais
seule au rivage
une galaxie
en offrande

sertie de petites joies
lancées sous la peau

et je respire
en lumière
le hasard brûlant
des ombres.


Jean Coulombe © 2017



mardi 4 avril 2017

CIEL SEMÉ D'EMBÛCHES


... à François

























Morsures du vent
le soleil entre les dents
trois cigarettes et un sourire
pour pénitence
l'auréole attachée avec de la broche
au sortir du sous-sol
du ciel alcoolique repentant

prières faisant l'objet d'un rappel

le fond de l'heure est frais.


Denis Samson © 2017



vendredi 31 mars 2017

DENISE




Dans son
demi sous-sol
de la rue
du couvent
ma tante Denise
fait bouillir
des oeufs
pour la cabane
à patate
de son mari

elle chante
avec la radio
la seule chanson
d'amour
qu'elle connaît

elle chante
avec la radio
le jingle
de la radio

chez
ma tante Denise
le soleil
a de la misère
à rentrer
et fait
des ombres chinoises
à travers les pots
pour se faire remarquer

la vie
sent le vinaigre
chez
ma tante Denise


Alain Larose © 2017


lundi 27 mars 2017

ODEURS


























Roses de glace
fenêtres qui craquent

aube frileuse
en haillons de fumée

ça sent la neige.

La neige sent l'usine.



Denis Samson © 2017


mardi 21 mars 2017

PAYS NATAL




















Cette ville me tétanise
avec son petit maire
ses petites misères
et ses rats des ondes

cette ville me blesse
j'y mourrai sans doute
perclus d'arthrose sociale

balloté dans le glauque
des paroles creuses
sans le rauque d'un cri

cette ville me tue
tant de turpitudes
érigées en monuments

tant de m'as-tu-vus
et de petites grandeurs
sur fond de pays inexistant.

J'aime cette ville!


Jean Coulombe © 2017


samedi 18 mars 2017

PANNE SUR LA LIGNE ORANGE


























Prends tes bagages
le train part
une minute après minuit*

Ce soir
le fantôme
du Grand Antonio
tire un wagon
de la ligne orange
jusqu'au camp de Jasenovac
en Croatie

100 000 morts
l'attendent là-bas

et tous les jours
à Montréal
le fantôme
d'Anton Baričević
sur son banc
d'épicerie
parle à ceux-là

il décrit
les rayons
d'un festin
qui n'arrivera jamais
mais qui tient
pourtant
dans l'air
entre ses mains

Prends tes bagages
le train part
une minute après minuit

Anton Baričević
ne repose pas
il en faudra
des voyages
pour les faire
monter
tous

Anton Baričević
l'exil
c'est chez toi
tu tires toujours
ton wagon

à Mont-Royal
les passagers du métro
remontent
de sous la terre
en sacrant


Alain Larose © 2017

* «Belgrade» par Miroslav  Antić


                                             

lundi 13 mars 2017

RELEVÉ D'ÉCRITURE





















Van Gogh délavé laminé
de travers
motel qui pue juste pas
la cigarette

à l'heure à la journée
ou va te faire soigner!

Motel perdu le long
d'une artère bouchée
où passe plus personne
ayant encore un peu de compassion
pour la beauté

motel avec le son de la télé coupé
et un couvre-lit qui pue
(juste pas la cigarette)

motel avec fenêtre
qui regarde ailleurs
pour pas voir la beauté
se pousser avec les étoiles
quand le jour se lève en pleurant
sur le parking

le silence percuté par un train
relever d'écriture
le matin arrivant comme un voleur.

                                (journal-extrait)


Denis Samson © 2017


dimanche 5 mars 2017

NUIT SANS ATTENTE





















La poésie à l'os
comme jamais

seul à seul
dans la foule

les autres veulent
de la musique

des heures grises
aux cendres du matin

la forêt des nuits
peuple notre feu

parlons de nous

dans la langue
des épinettes.


Jean Coulombe © 2017


jeudi 23 février 2017

RAQUETTES


























Blancheur d'un silence charnel

le soleil me réchauffe
pas pantoute
mais la beauté
peint des ombres
parmi les congères,
filles de neige
en ponchos de soie.

La beauté n'a pas froid aux yeux.


Denis Samson © 2017



jeudi 16 février 2017

LES LENDEMAINS (CSS # 15)





















Poésie du village enfoui

les mononcs qui disent «Bonjour»
les matantes qui jasent
les marmots qui font risette

mais les âmes en dérive
les amours mal barrées
la bière contemplative

les arcs-en-ciel de poteaux
le grondement du métal
les trottoirs à obstacles

un plein ciel à oiseaux
avec ses couleurs en averse
ses rêves en chantier

il y a l'immense clameur
des lendemains à défricher.



Jean Coulombe © 2016



samedi 11 février 2017

MARITIME

... à Jean Coulombe *



















- 1 -


Feux des navires à l'horizon

rideaux qui flottent
fenêtre ouverte
dans «un mur d'étoiles» *

enchaînée à la rouille des marées
à l'ancre la lune luit.

- 2 -


Ressac du sommeil
la mer à la dérive
la tête pleine d'échos des coquillages

esquisse d'un naufrage

reconstruction céleste
sous l'autorité des eaux
peignure d'océan avec oiseaux


- 3 -


Poulpes de braise au visage de l'aube

sur le quai des poissons
régurgitent la mer...

La mer reprend son souffle.

Le port repose dans ses ancres


Denis Samson © 2017