samedi 28 octobre 2017

HITS (parade)



























Les «hits» roulent en gros char
sur le boulevard
huit haut-parleurs
pour tenter de convaincre tout le monde
d'aimer ça
on se fout des paroles
c'est le «rhytm» qui compte
le «beat» le «hook»
les «chansons» sont produites
par des équipes spécialisées
expertes à coller des mots et des sons
répétitifs
dans la mémoire des gens
et ça fait pop et bing et nanana
dans la tête
huit haut-parleurs
et ça roule...


Denis Samson © 2017


jeudi 19 octobre 2017

SI SIMPLE


















Les loups de traîneaux courent les embouteillages
les gerbes de couleurs carburent dans l'obscurité

les songes naufragés ont cassé les faux silences
le passé refleurit en cauchemar

tout se voudrait si simple

mais le couchant veille au grain
rien n'arrête les spectres
les parfums explosent aux yeux

le blues est arrivé à son heure

les morsures hantent les tendresses
chaque jour est le «selfie» du prochain

on se couvre de satellites pour se sentir moins seuls.

Tout se voudrait si simple.



Jean Coulombe © 2017



samedi 14 octobre 2017

ULMUS AMERICANA


























Un gros arbre beaucoup d'ombre
une belle journée d'été
finissant
un poème
pour retenir l'instant
pour voler aux heures un peu
de ce qui ne revient pas.

(Plaines d'Abraham, «au bureau», septembre 2017).


Denis Samson © 2017


mardi 10 octobre 2017

VENT DE BIAIS





















Elle prend le vent de biais
                         petite voile pâle
            au fond de la baie grise

heures mauves
                         arrachées
           aux fragiles musiques

brisures en averse
                         tant de solitudes
             en rafales

mes bras malhabiles
            cassent le noir murmure
des prières mortes

      au dos de la vie
                         notre courbe suit la ligne
des montagnes invincibles

toutes nos alarmes
            sonnent en creux
      brûlent
            au ventre de la nuit

l'obscurité comme seule amie
                         on se hasarde
              à remonter le courant

une petite lueur à la fois.



Jean Coulombe © 2017


mardi 3 octobre 2017

À LA GORGE



















Dans ta chair s'avance
l'ombre à apprivoiser

un faux silence
absorbe le feu

avec l'été qui meurt
entre nos épaules

on remet tout
aux foudres sauvages
celles qui roulent
à la face du vent

ta main ne tremble pas
ne tremble plus

tu saisis ta vie à la gorge

ce que tu crois de ta légende
carbonise l'instant frêle

tu organises ta fuite
pour mieux rester

migration intime
immobile de fureurs.


Jean Coulombe © 2017